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Mars 2018

Du 2018-03-22 au 2018-03-31

Chemin de croix

JÉSUS MEURT SUR LA CROIX

Qui dira le mystère de cette séparation qui met à part ce que Dieu a uni : le corps très saint tissé dans le sein de la Vierge Marie et l’âme immortelle reflet sans tache de la splendeur de Dieu ? Après le dernier cri, le Verbe est entré dans son silence. Tout a été dit, le voile du Saint des Saints s’est déchiré. Dieu a livré son dernier secret. Il s’est approché de ce qui semble son antithèse définitive : la mort, l’immobilité, le néant, et il l’a traversé de part en part. Il est venu toucher ce fond de l’expérience humaine, pour que plus rien ne soit vide de Dieu et ne proclame son abandon. Jésus a goûté la mort, il ne l’a pas seulement effleuré, il y est et c’est pour trois jours, trois jours longs comme une éternité.

JÉSUS EST DESCENDU DE LA CROIX ET REMIS AUX BRAS DE SA MÈRE

Le corps de Jésus-Christ est descendu de la croix, comme le fruit se détache de l’arbre pour retourner à la terre. Il est accueilli dans les bras maternels qui sont sa seule demeure dans l’humanité. Avec un infini respect, Marie reçoit le fruit de vie, en notre nom elle en prend charge, elle en recueille les membres dans son manteau. Nul autre qu’elle à cette heure ne sait le prix du trésor qu’elle porte. Jésus repose dans l’inconscience comme Adam au jardin, à l’heure où Eve allait être tiré de son côté. Le Père opère sur lui comme un divin chirurgien et prépare l’humanité nouvelle.

JÉSUS EST DÉPOSÉ AU TOMBEAU

Là se termine l’aventure humaine. Pilate et Caïphe peuvent respirer : tout cela est fini, il n’y a plus qu’à classer le dossier. Jésus enfoui en terre n’est plus visible. La pierre est roulée. La garde veille. Le monde peut se rendormir, un instant il avait paru s’éveiller et entrevoir autre chose que le pouvoir de l’argent et du plaisir, mais c’est terminé, on ne parlera plus de Jésus. Et pourtant, c’est là que tout commence, ce lieu sinistre va devenir l’antichambre du ciel. Bientôt, à l’heure choisie du Père, la douce lumière du salut va y briller et le monde qui l’ignore encore sera touché au cœur. Ne réveillez pas mon Amour avant l’heure de son bon plaisir !

Du 2018-03-20 au 2018-03-31

Chemin de croix

JÉSUS TOMBE POUR LA DEUXIÈME FOIS

La deuxième chute, c’est ce que nous appelons la rechute, l’expérience terrible du pauvre drogué qui a cru s’en sortir, échapper à l’enfer et qui y revient, comme malgré lui. Jésus, en notre nom, pour nous, a connu cette faiblesse du vouloir, il a partagé notre impuissance à aller jusqu’au bout de l’effort. Il a goûté ce moment où les commandes ne répondent plus, où ce n’est plus seulement le corps qui refuse d’avancer, c’est le cœur qui se dérobe, et la volonté qui n’arrive plus à vouloir. Et il s’est relevé, sans doute pas tout seul et pas tout de suite, mais il s’est redressé, il a fourni le sursaut nécessaire pour repartir et faire au moins un pas pour se rapprocher du Calvaire

JÉSUS INTERPÈLE LES FEMMES DE JÉRUSALEM

On connaît le Sermon sur la Montagne, les Discours après la Cène, mais il y a mieux, et plus grand encore : ces quelques phrases jetées sur le chemin du supplice. La question de l’origine du mal qui taraude l’homme depuis l’origine trouve ici un éclaircissement décisif. Avec la tête en feu et les lèvres desséchées, le Christ parvient à dire tant avec si peu de moyens ! Là où nous voulons que tout le monde s’intéresse à notre propre malheur, Jésus porte compassion du sort de ces pauvres femmes et de leurs enfants, ballottés dans un monde sans pitié. Si le Démon ne l’épargne pas, lui l’arbre vert, combien plus elles, comme elles risquent d’être démunies au jour du grand bouleversement… !

JÉSUS TOMBE POUR LA TROISIÈME FOIS

Celle-là sera la dernière, car vraiment il n’y a plus moyen d’aller plus loin, le dernier effort a été fait, le dernier pas de Jésus sur la terre, désormais on le portera comme un paquet, il sera toute « passion », l’activité se réfugiera à l’intérieur, dans son cœur qui consent à la volonté du Père, dans son cœur qui se donne pour les autres, pour tous les autres. Et Jésus dans cet état éprouve les consolations de Dieu, non une joie sensible, mais, à la fine pointe de l’âme, la certitude d’être dans la main du Père, porté comme quand il était petit enfant.

JÉSUS EST DÉPOUILLÉ DE SES VÊTEMENTS

Nu, notre amour est tout nu, il n’a plus rien autour de lui pour le protéger et pour garder sa dignité. Tout ce qu’il avait reçu de la civilisation, de la culture, du savoir-faire humains lui est maintenant retiré, il est seul et sans défense pour son dernier combat. Il ne possède plus rien, il ne peut plus rien, mais il est, intensément. O présence du Fils de Dieu, donnée là dans toute sa pureté ! Son corps, maculé de sang, et zébré par les coups de la flagellation, se tient devant nous. Seuls les cœurs purs peuvent y voir là la beauté paradoxale du « plus beaux des enfants des hommes ». Seuls les cœurs forts peuvent soutenir la lumière son regard.

Du 2018-03-16 au 2018-03-31

Chemin de croix

JÉSUS EST CONDAMNÉ A MORT
Condamné ! Pas seulement scruté, sondé, critiqué mais condamné, c’est-à-dire enfermé dans un jugement définitif et hostile. C’est cela que les hommes ont fait de la faculté de juger que leur avait donnée le Créateur. La peur, la lâcheté, la méchanceté gratuite ont abouti à ce monument de bêtise, fait de désinformation, d’amalgame, de demi-vérités devenues des mensonges. Le procès juif et le procès romain mis bout à bout, le peuple de la Loi et celui du Droit d’accord pour en finir avec ce cas encombrant, ce malheureux qui ne les défie même pas ! Il y aurait de quoi rire devant les pauvres ruses de Pilate pour essayer de sauver son prisonnier sans affronter la vindicte des grands prêtres, si l’issue n’en était pas la condamnation d’un innocent. Et quel innocent ! Y eut-il jamais homme qui fut plus libre de toute complicité avec le mal que celui-là ? Même le juste ne peut affronter sans trembler une telle innocence. « Voici l’homme » dit Pilate. Mais qui a pu croiser son regard baigné de sang ? Qui a pu supporter le silence de la brebis muette que l’on mène à l’abattoir ?


JÉSUS SE CHARGE DE SA CROIX

Il s’en charge, on ne la lui impose pas. Il est prêt, il s’est depuis si longtemps préparé pour ce jour et cette heure. L’horrible croix est maintenant une réalité, elle est là à l’attendre, avec son poids accablant, sa rugosité, la trace des exécutions précédentes. C’est elle que Jésus saisit et qu’il va mettre sur ses épaules, il ne l’échangerait pour rien au monde. N’est-il pas venu pour cela ? C’est là l’instrument de son travail, l’arme de son combat, son titre de gloire. Il sait qu’il va en porter le poids sur la route, avant qu’elle ne le porte et ne le fasse entrer dans son accomplissement. Il ne la traîne pas résigné, il l’a porte avec toute la force qui lui reste, avec tout l’élan de son amour pour l’homme, cet homme ingrat et magnifique dont il est tombé amoureux.

JÉSUS TOMBE POUR LA PREMIÈRE FOIS

C’est la mauvaise surprise au début de la route. Que ce bois est lourd ! A peine soulevé, il entrave la marche et déséquilibre le corps. Et Jésus tombe, ses deux genoux vont cogner sur le sol, tout le corps est entraîné en avant. Il va goûter de notre terre, où il a appris à marcher. La faiblesse n’est pas le péché, mais pour nous elle semble pire encore, elle nous humilie aux yeux des autres et à nos propres yeux, elle nous décourage et nous enlève le goût de l’effort. Lui a connu toutes nos misères à l’exception du péché et il n’a pas honte de visiter notre faiblesse, notre impuissance, notre incapacité d’avancer, pour y faire passer quelque chose de sa force. Force paradoxale de l’amour, qui n’a rien de surhumain et qui pourtant traverse l’organisme épuisé de Jésus et le remet debout.

JÉSUS RENCONTRE SA MÈRE

Parce qu’elle était là, bien sûr. Parce qu’elle a toujours été là, depuis le début, suivant de loin la mission de son Fils. Et Jésus voit sa Mère, le Nouvel Adam regarde la Nouvelle Eve, avec l’admiration qui fut celle du premier homme regardant l’aide mystérieuse qui lui était confiée. Marie a tout compris, tout accepté une fois encore, elle sait maintenant où tendait sa maternité, elle contemple avec un effroi sacré le corps qu’elle a porté, nourri, soigné, tout cela en vue de cette heure ! Et son Fils sait qu’elle sait, il a conscience de lui enfoncer lui-même dans le cœur le glaive de douleur annoncé par le vieillard Siméon. Dans cet échange de regards tout est dit, le « fiat » de la Mère et du Fils. Marie d’un coup a franchi les derniers degrés qu’il lui restait à monter, elle est associée à la Rédemption du monde.

SIMON DE CYRÈNE AIDE JÉSUS À PORTER SA CROIX

Dieu n’a eu besoin de personne pour créer le monde, il l’a fait à partir de rien, mais il ne l’a pas sauvé sans nous. Jésus a accepté d’être aidé, le Tout-Puissant n’a pas dédaigné le secours d’un humain. Pauvre secours d’ailleurs et bien involontaire de la part de celui qui est ainsi réquisitionné ! Simon de Cyrène s’est trouvé par surprise au cœur du mystère. Lui qui revenait des champs, sa journée finie, s’est trouvé attelé à l’œuvre du Fils. L’a-t-il en l’occurrence vraiment aidé, ou ne lui a-t-il pas plutôt compliqué la tâche ? N’est-ce pas plutôt lui qui est sorti fortifié de cet étonnant compagnonnage avec le Seigneur de gloire ? Car il a eu le temps de le contempler, de dos comme Moïse avait vu son Dieu au Sinaï, dans la parfaite justesse de tout son être complètement donné.