Entrevue Cecilia Mzumara

S’OUVRIR À LA VIE

Enfant, Cecilia Mzumara a évolué dans un milieu familial empreint d'une foi rayonnante, riche en engagements apostoliques et sociaux. Elle a rencontré des personnes passionnées par le désir d'aider les autres dans leur croissance humaine et spirituelle. Aujourd'hui, Cécilia puise dans cette précieuse expérience. Elle y découvre ce qui a nourri et continue de nourrir sa vocation religieuse missionnaire.

Cecilia Mzumara est née à Mzimba au Malawi, un pays d'Afrique centrale qui compte 20% de catholiques. Six frères et trois sœurs colorent le quotidien de son enfance, mais un lien particulier l'unit à Maggie, sa jumelle .Ses parents, éducateurs de carrière, comptent parmi les chrétiens convaincus et engagés. Durant deux ans, son père a collaboré à la traduction œcuménique de la Bible. Sa mère, responsable de  l'enseignement  des  arts ménagers au primaire pour le district de Mzuzu, se rendait dans les écoles rurales pour former les professeures et superviser leur travail. Lorsque Cecilia reprend contact avec la fillette qu'elle fut jadis, le souvenir de sa mère Élizabeth remonte rapidement à la surface. Maman était très engagée comme catéchète dans  la paroisse.  Tout le samedi y passait.  De plus, chaque dimanche matin après la messe, elle accompagnait Sr Gabrielle dans les villages éloignés pour animer les petites communautés chrétiennes, prier avec les gens. Et je me disais: Puisque Sr Gabrielle a tant besoin de l'aide de maman, débordée d'ouvrage, c'est qu'il manque de collaborateurs pour accomplir cette mission. Quand je  serai grande, j'irai  l'aider.

Un coeur à l'écoute

À huit ans, Cecilia observe déjà avec beaucoup d'attention l'attitude de sa mère et celle des religieuses Missionnaires de l'Immaculée-Conception : leur complicité extraordinaire, leur dévouement inlassable, leur soif de Dieu, leur joie d'aider les autres à progresser humainement et spirituellement. Elle voit ces missionnaires travailler avec les catéchètes de son école, s'engager à fond dans la formation intégrale des femmes, dans la médecine préventive ou encore auprès des handicapés ...

Sr Cecilia garde toujours à l'esprit ses longues conversations avec sa mère. J'aimais recevoir ses confidences. Elle me faisait part de son émerveillement pour Délia Tétreault, fondatrice des Soeurs Missionnaires de l’Immaculée-Conception.

J'écoutais aussi avec bonheur l'histoire de mon grand-père, Ignasio. Elle parlait de sa détermination à devenir catholique. Il avait patiemment étudié le catéchisme et prié sans relâche afin de pouvoir  être baptisé en 1935.  Devenu instituteur dans une petite école de campagne,  puis premier catéchiste de la mission de Katete, il comptai t plus de 30 ans de labeur, de dévouement inlassable, de sacrifices de toutes sortes,  pendant lesquels il n'avait cessé d'aller de l'avant pour témoigner de sa foi, pour porter l'Évangile aux autres. Sans catéchiste, ces  communautés chrétiennes n'auraient pu survivre. Jamais maman  n'oublia  l'impressionnante  cérémonie religieuse où l'on avait remis à son père, de la part  du pape Jean XXIII, la médaille d'or Bene Merenti, en reconnaissance de ses services comme catéchiste, ainsi  qu'une bénédiction  papale  pour  lui et toute la  famille. Tout Katete était en fête!

Discerner les appels

Après ses études secondaires et sa formation d'éducatrice, Cecilia devient professeure. Elle aime ce travail et s'y donne sans compter. À cette époque, l'appel de Dieu à la vie religieuse devient de plus en plus direct et constant. Elle se questionne, réfléchit et prie beaucoup. Quoi choisir? Le mariage ou la vie religieuse? Qu'est-ce que Dieu veut pour moi? Elle admire beaucoup sa tante Ernestina, religieuse chez les Sisters of the Holy Rosary, une jeune    congrégation   typiquement   africaine   bien enracinée dans le pays et qui travaille avec compétence dans des domaines variés. Elle connaît aussi d'autres instituts religieux, car en quelques années l'Église du Malawi s'est profondément transformée et la vie religieuse est maintenant florissante. Mais c'est chez les Soeurs Missionnaires de l'Immaculée­Conception qu'elle décide de vérifier si Dieu l'appelle vraiment à la vie religieuse.

Lors d'une retraite dans leur couvent, une parole de l'Évangile résonne très fort en elle : Jésus, voyant les deux disciples qui le suivaient, leur dit : Que voulez­ vous? Ils répondirent : Où demeures-tu? Venez et voyez, leur dit-il. Ils allèrent donc et virent où il demeurait et ils restèrent auprès de lui ce jour-là (Jn 7, 38b-39). Une lumière jaillit dans son cœur. Cecilia est touchée à la fois par un vif désir de rencontrer le Christ et par un goût profond d'aller vers les autres. Son rêve se précise... L'avenir s'éclaire!  De  tout  son  cœur, elle accueille la vocation à laquelle Dieu l'appelle : elle sera missionnaire. Je pouvais maintenant révéler mon désir de me joindre aux Sœurs Missionnaires de l'lm- maculée-Conception.

En route vers l'avenir

En Afrique, les jeunes filles ne sont poussées au couvent, loin de là! La femme incarne la promesse de nombreux enfants et son devoir consiste à donner la vie pour continuer la lignée des ancêtres. Dans ce contexte, renoncer à la maternité implique un deuil à vivre. Mais Cecilia reste convaincue de la fécondité d'une vie consacrée à Dieu.

Devenue religieuse, elle fait un stage pastoral en Zambie et revient ensuite au Malawi où lui est confiée la formation des jeunes africaines intéressées à se joindre à notre Communauté. Puis, toujours attentive aux signes de Dieu, Cecilia poursuit sa route. Aujourd'hui au Québec, elle commence une étape spéciale de formation: le scolasticat international. En elle brûle toujours l'ardent désir de porter l'Évangile, ce message de bonheur, cette Parole vivante de Jésus qui se fait rencontre et se donne. En elle bat le cœur de l'Afrique. Ce qu'elle a reçu là-bas, elle le partage ici.