
Numéro octobre-novembre-décembre
Sommaire
(Vol. 61, no 4 /Octobre-Novembre-Décembre 2018)
Rubrique
Vie spirituelle
Liens de mémoire – André Gadbois
En 1950, je grandissais dans un quartier ouvrier de Montréal nommé Rosemont. J’y étais né en 1943 et nous étions sept personnes à habiter
ce « cinq pièces » : grand-maman Mélanie, maman et papa, tante Jeannette et oncle René tous deux célibataires, ma soeur Thérèse et moi. On peut dire sans exagérer que nous étions un peu « tassés » et très limités financièrement ! Pourtant, je me souviens du bonheur qui nous habitait et des nombreux apprentissages qui m’ont été transmis : je me souviens de papa qui, durant le temps de l’Avent, se rendait à pied à son travail pour économiser et ainsi nous acheter des cadeaux de Noël. Habile en dessin, mon père nous faisait des tableaux d’hiver à la peinture à l’huile pour décorer le pied de l’immense arbre de Noël (tableaux que j’ai conservés). Je me souviens de tante Jeannette qui cousait comme une fée pour nous vêtir, Thérèse et moi, tandis qu’oncle René, attentif à mes désirs, m’achetait des cadeaux : patins, mitaine de gardien de but, jambières de gardien de but... Grand-maman Mélanie, avec l’argent de son chèque de « pension de vieillesse », nous gâtait en secret et me berçait longuement la nuit lorsque j’avais des maux d’oreille. Sans parler de ma mère qui était tellement habile et faisait des miracles pour nourrir tout son monde ! Je me rappelle l’avoir accompagnée quand j’avais 8 ans dans notre sous-sol en terre battue (mon père était alors décédé) et l’avoir aidée à scier du bois qu’on nous avait donné pour chauffer le poêle en hiver !
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Cultures et Mission
Veillée au cimetière et Fête des morts – Maurice Demers
Au Mexique, les célébrations du Día de los muertos (Fête des morts) ont lieu les 1er et 2 novembre et revêtent une grande importance. Les familles soulignent cette fête en créant à la maison une ofrenda, petit autel décoré de fleurs et d’images de Notre-Dame de Guadalupe et orné
des photos des êtres chers disparus.
Le 1er novembre, on se rappelle les enfants décédés et le 2 novembre les adultes. L’importance de cette tradition a été reconnue par l’UNESCO qui l’a inscrite en 2008 sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. La Ville de Mexico organise de grandes célébrations publiques, occasion idéale pour stimuler le tourisme, et une parade suivie par des milliers de personnes. Toutefois, pour comprendre l’importance de cette fête pour les Mexicains et vivre une expérience plus authentique, il faut se rendre dans les cimetières qui se trouvent dans les villes et villages où les familles placent des offrandes sur les tombes et les décorent avec des fleurs. Les gens passent alors la nuit au cimetière; ils se rassemblent autour des tombes en se rappelant les moments importants de la vie des défunts. Certains mangent ou jouent aux cartes. En bref, la Fête des morts est pleine de vie.
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Jeunes
La mission à l’état brut – Audrey Charland
Il devait être aux alentours de quatre heures du matin lorsque l’avion atterrit à Santa Cruz de la Sierra, en Bolivie. Bien que cela fût mon sixième ou septième vol depuis mon arrivée en Amérique du Sud, je dois avouer que les turbulences présageaient un séjour riche en péripéties. Dans le hall de l’aéroport, des dizaines de bénévoles du CAM51 accueillaient les voyageurs quelque peu déroutés par le manque de
sommeil, les nausées causées par les montagnes russes aériennes, le froid sibérien et l’immersion dans un environnement linguistique nouveau. Sans trop m’en rendre compte, je me retrouvai prise en charge et installée dans une voiture avec un Cubain et une Péruvienne, en route dans l’aube naissante vers un lieu inconnu... La mission à l’état brut !
Les fantaisies de Dieu dans la vie de Délia – Suzanne Labelle, m.i.c.
Délia, pourrait-on dire, était un peu cachottière. À partir de ses propres souvenirs d’enfance et de jeunesse et de ce que l’on connait de sa vie
d’adulte, on peut assez facilement percevoir chez elle cette tendance à garder pour soi ce qui la concerne le plus intimement. Si elle a accepté un jour d’en parler, ce fut par obéissance, parce qu’on lui demandait de faire connaitre les faveurs qu’elle avait reçues de Dieu.
Ainsi, jeune encore, elle montait discrètement au grenier de la maison pour aller lire des revues de la Sainte-Enfance. Un rêve, suscité sans doute par ces lectures, éveilla chez elle le désir d’aller partager sa foi avec ceux et celles qui ne savaient encore rien du Dieu de Jésus-Christ. Mais ce rêve et cette aspiration – c’est elle qui le confesse – elle n’eut pas l’idée de les confier à qui que ce soit, pas même à sa mère.
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Dossier
LIENS DE MÉMOIRE
Avec les jeunes, apportons l’Évangile à tous !
En octobre 2017, le pape François a annoncé un mois missionnaire extraordinaire pour 2019. Il a aussi souhaité qu’octobre 2018 soit un mois pour s’y préparer.
Extrait de la lettre du pape François du 22 octobre 2017 :
C’est avec ces sentiments que, ayant accueilli la proposition de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, je décrète un mois missionnaire extraordinaire en octobre 2019 afin de susciter une plus grande prise de conscience de la mission ad gentes et de reprendre avec un nouvel élan la transformation missionnaire de la vie et de la pastorale. On pourra bien s’y préparer, également pendant le mois
missionnaire d’octobre de l’année prochaine, afin que les fidèles aient vraiment à coeur l’annonce de l’Évangile et la conversion de leur communauté en une réalité missionnaire et évangélisatrice, afin que s’accroisse l’amour pour la mission, qui est une passion pour Jésus, mais, en même temps, une passion pour son peuple.
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Délia sur scène
Au moment de la confirmation, plusieurs agentes et agents de pastorale font vivre aux confirmands de belles expériences de foi. C’est
l’occasion pour ces jeunes de mieux comprendre le sens de ce sacrement, à l’exemple de ce que les apôtres ont vécu le jour de la Pentecôte.
À la paroisse Sainte-Maria-Goretti de Pointe-aux-Trembles, Montréal, les agentes de pastorale ont choisi de faire mimer la vie de Délia Tétreault afin de mieux faire comprendre aux enfants leur engagement de foi de façon concrète.
Un photoreportage qui vaut mille mots !
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Célébrations malgaches et vénération des ancêtres - Emilienne Raherimalala
Le quotidien du peuple malgache est rythmé par différentes coutumes qui varient d’une région à l’autre comme le témoignent diverses manifestations culturelles et festivités accompagnées de musique, danses et défilés. Toutes expriment symboliquement une valeur malgache. Le présent article décrit les étapes principales de la vie humaine et les célébrations qui les accompagnent selon les croyances malgaches.
Pour les Malgaches, Zanahary ou Dieu créateur est omniprésent dans leur conscience et dans leur mémoire. Ce Dieu est aussi appelé « Andriamanitra » ou Prince Parfumé. Les Malgaches croient que Zanahary n’est qu’un Dieu lointain, mais ce dernier voit tout, est l’origine
de tout et il est au-dessus de tout. Cette présence divine accompagne les Malgaches dans tous les moments de leur vie. Quoiqu’il arrive, c’est à cause de Dieu. Par exemple, quand un bébé nait, c’est un don de Dieu et quand une personne décède, c’est le destin voulu par Dieu. Ce lien de mémoire porte les Malgaches à faire le bien et à pratiquer la vertu.
Le deuil et la remémoration pour célébrer la vie - Éric Desautels
Le deuil fait partie intégrante de la vie d’un missionnaire. Avant l’avènement des moyens de transport modernes et des télécommunications,
le deuil prenait plusieurs formes. Le missionnaire devait d’abord faire le deuil de sa mère patrie pour en embrasser une nouvelle. C’est d’ailleurs ce que relataient les pères missionnaires d’Afrique en 1932 : « Cet amour de la patrie nouvelle détruira-t-il celui de la patrie ancienne ? Pas plus que l’amour de l’épouse ne saurait éteindre celui de la mère. La patrie lointaine qu’on a quittée, c’est la mère; la patrie nouvelle qu’on a adoptée, c’est en quelque sorte son épouse, mais selon les Écritures, il est dit que l’homme laisserait sa mère pour être tout à son
épouse »1. Le deuil était donc double : quitter son pays, mais également abandonner son ancien style de vie pour en adopter un nouveau qui s’éloignait de la richesse matérielle si présente en Occident. Par ailleurs, une certaine résignation ressort de ce deuil de la patrie. Le missionnaire se résigne à quitter ses amis, à ne pas connaitre le mariage et à vivre à distance le décès de ses proches. Cette question du deuil et de la mort est d’ailleurs omniprésente pour les missionnaires. L’expérience en pays de mission est indéniablement liée à un tissage entre la culture de l’Autre et la sienne. La manière de vivre la mort d’une personne et de faire son deuil change selon les contextes sociaux et culturels. Les missionnaires ont donc un regard particulier sur la mort et sur les rites en pays de mission, ce qui entre parfois en conflit avec leur
propre culture catholique. Comment envisage-ton les rites et les coutumes associés à la mort dans les pays de mission ? Que faut-il tirer des expériences missionnaires par rapport au deuil ? Prenons quelques exemples à travers l’histoire.
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À propos des MIC
L’engagement Agapê – Suzette Jean, m.i.c.
L’expression « faire mémoire » fait parfois résonner dans notre coeur des évènements marquants. En effet, je ne peux m’empêcher d’éprouver un élan d’action de grâces et de gratitude pour les trente années d’existence du Centre Agapê.
En 1988, un groupe d’étudiants en théologie et leur professeur, M. Denis Petitclerc, rêvaient d’un espace qui favoriserait une démarche pour faire fleurir leur foi, faciliter le discernement sur le chemin de la vie et s’engager pour un monde meilleur : le Centre Agapê était né.
La pédagogie du centre s’enracine dans la riche tradition de l’Église qui s’inspire du texte des Actes des Apôtres : « Ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. » (Ac 2,42)
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L’Entraide missionnaire – Marie-Paule Sanfaçon, m.i.c.
On ne peut mettre fin à un organisme après 60 ans de fidèles services sans faire mémoire de tout le bien qu’il a fait. C’est ce que nous avons célébré le 5 mai 2018, à Montréal.
Autre temps, autres moeurs ! À mon premier départ missionnaire en 1971, j’ai suivi une session à L’Entraide missionnaire pour me préparer plus adéquatement à entrer dans une autre culture. Ce que j’ai appris a été un choc pour moi. On comprenait assez vite les enjeux du missionnaire et il n’était plus question de partir les bras chargés de ses connaissances et de sa grande expérience pour aller gérer la vie de l’autre, non ! L’entraide, son nom l’indique, était là pour nous aider à nous insérer dans un autre pays. Prendre le temps d’écouter, d’apprécier ce que l’autre peut offrir et s’engager sur un chemin de sagesse tout en laissant derrière soi son pot de beurre de peanuts et gouter aux mets plus épicés de l’autre. C’est cela l’inculturation.
Au risque de la conversion (livre de C. Foisy) – Micheline Lagüe, m.i.c.
Autrefois objets et sujets de fierté nationale, les missionnaires brillent désormais par leur absence dans la mémoire collective. Cette lacune de l’histoire religieuse du Québec est en partie comblée par la thèse doctorale en sociologie Au risque de la conversion de Catherine Foisy. Les bouleversements socioculturels et politiques survenus sur tous les continents et le vent de renouveau apporté par Vatican II ont contribué à changer la manière de vivre l’engagement des missionnaires. Une transformation aussi profonde qu’une conversion.
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Tout à fait humain
Ma réflexion sur le thème de la revue : Liens de mémoire m’a fait découvrir la vocation propre à la personne humaine. Certes la mémoire est importante, elle permet de se remémorer les personnes connues, de faire des liens entre les événements, d’étudier, de réfléchir, de prévoir. Mais peut-on dire que la mémoire est ce qui caractérise le mieux la personne humaine ?
Aujourd’hui, la mémoire des ordinateurs est bien plus performante que la mémoire humaine. La mémoire artificielle peut exécuter des tâches spécifiques et faire des liens. Certains logiciels peuvent aussi apprendre par eux-mêmes, alors quel est le propre de la personne humaine ?
C’est la grande question... Le Christ, lors de la dernière Cène, a dit à ses apôtres : Faites ceci en mémoire de moi. Que voulait-il dire ? Se rappeler ou répéter ce geste ! Plus que cela. L’Eucharistie nous fait communier à la vie du Christ et à son message. Le sens de son message est de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés. L’amour est la spécificité de la personne humaine.
Au moment du départ d’un être cher, la mémoire et l’amour entrent en action. L’amour envers la personne disparue fait mémoire de ce qu’elle a été. Chaque année, nombre de cultures célèbrent par de grandes festivités le souvenir des morts, que ce soit au Mexique, en Chine, à Madagascar ou ici au Canada. On ne peut passer sous silence la commémoration de la mort d’êtres chers. Ces derniers rejoignent les ancêtres de notre histoire.
Il est certes important de souligner des anniversaires. Depuis 30 ans, des organismes comme Agapê forment des jeunes à la mission tandis que d’autres, comme L’Entraide missionnaire, doivent fermer leurs portes après 60 ans d’existence, non sans laisser de traces dans le coeur de celles et ceux qui ont eu recours à leur accompagnement. Nous tenons à remercier du fond du coeur toutes les personnes qui se dévouent au service de l’Église de même que celles qui travaillent dans l’ombre pour semer l’amour dans les coeurs.
Ce numéro de la revue sur les liens de mémoire nous rappelle tous les bienfaits prodigués par les personnes qui répandent l’amour du Christ.
Bonne lecture !
L'équipe
Membres de l'équipe éditoriale
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Marie-Paule Sanfaçon, directrice et rédactrice en chefOriginaire de Québec, missionnaire en Haïti, Sr Marie-Paule a travaillé auprès de la jeunesse haïtienne dans le réseau de la catéchèse secondaire et de la pastorale jeunesse.Aujourd’hui, elle est directrice de la Presse Missionnaire M.I.C. |
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Traductrice : Français à l’Anglais – MIC Mission NewsSr Claudette a été missionnaire au Malawi, Afrique. Elle a aussi travaillé dans les archidiocèses de San Francisco (Californie), Toronto (Ontario) et Vancouver (Colombie Britannique) comme coordonnatrice et promotrice des activités missionnaires archidiocésaines. Dans le contexte paroissial, elle a coordonné les programmes d’éducation chrétienne et a accompagné les jeunes dans leur cheminement de foi. |
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André Gadbois, membre de l'équipe éditorialeMarié et père de deux enfants, André Gadbois, après plusieurs années en travail pastoral, a enseigné 20 ans auprès des enfants en grandes difficultés d'apprentissage et a été directeur d'école durant 10 ans. Très impliqué auprès des catéchumènes de l'Église de Montréal, il est le directeur de leur journal, le Sénevé. |
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Audrey Charland, membre de l'équipe éditoriale
Âgée de 25 ans et bientôt diplômée d’une maîtrise en sciences des religions, l’auteure prête sa plume à un nouvel exercice de style : après le mémoire, l’article! Ayant étudié l’histoire de religieuses catholiques missionnaires en Inde, la voilà désormais agente de communication et de développement au sein de l’équipe de la Presse Missionnaire MIC. Ce poste lui permettra de mettre à l’épreuve ses connaissances et ses aptitudes et de relever maints défis. |
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Éric Désautel, membre de l'équipe éditorialeÉric est candidat au programme de doctorat en sciences humaines(Ph.D), au Centre d’études interdisciplinaires en sociétéet culture (CISSC) de l’Université Concordia. |
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Maurice Demers, membre de l'équipe éditorialeMaurice Demers est professeur agrégé au département d’histoire,Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Sherbrooke.Il est jeune père de 3 enfants
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